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Lectures et méditation - Vendredi Saint 15 avril 2022 - Célébration de la Passion du Seigneur - Année C
Serviteur, prêtre, roi et sauveur
Serviteur, prêtre, roi et sauveur
Le Vendredi saint célèbre la Passion du Seigneur. Pas seulement sa mort, mais aussi les péripéties qui la précèdent. Commencé par le dernier repas que Jésus prit le soir avec ses disciples, le drame se poursuit dans la nuit par l'arrestation, puis la comparution devant le grand prêtre Hanne, qui n'est plus en fonction, mais continuait de tirer les ficelles du pouvoir sacerdotal. Jean ne rapporte d'ailleurs que l'interrogatoire par Hanne et ne fait que mentionner le passage chez Caïphe, avant d'arriver au matin chez Pilate. Celui-ci demande à Jésus s'il est roi; il obtient une réponse qu'il lui est difficile d'interpréter. Les gardes prennent pourtant Jésus au mot mais font de lui un roi de dérision, portant une couronne d'épine et un manteau pourpre. Vaincu par l'insistance des grands prêtres, Pilate leur livre Jésus pour qu'il soit crucifié, tel un esclave. Et pourtant il fait mettre sur la croix l'écriteau : «Jésus le Nazaréen, roi des Juifs ». Jésus, portant lui-même sa croix, se dirige péniblement vers le lieu dit « Le Crâne ». Crucifié, il confie sa mère au disciple qu'il aimait. Puis il dit «J'ai soif» et enfin «Tout est accompli ». En mourant, il remet l'esprit.
Pour nous aider à comprendre la signification d'un tel drame, la liturgie nous propose trois passages bibliques. Après le silence inhabituel qui ouvre la célébration et une courte prière, elle fait entendre l'extraordinaire prophétie du Serviteur de Dieu. Au cours de son dernier repas, Jésus s'était présenté comme serviteur (évangile du Jeudi saint) ; ici Isaïe l'annonce comme « méprisé, abandonné des hommes, familier de la souffrance », mais, paradoxalement, il porte ainsi nos souffrances et nos péchés, car, volontairement, « il remet sa vie en sacrifice de réparation » (première lecture).
Alors que le récit de la Passion relate la conduite odieuse des grands prêtres juifs de l'époque, la lettre anonyme aux Hébreux (deuxième lecture) présente Jésus comme « le grand prêtre par excellence ». Par excellence, parce que ce pontife, franchissant les cieux, et non plus seulement le rideau du Temple, a établi un pont entre Dieu et l'humanité. « Fils de Dieu » mais ayant partagé notre vie « dans la chair », il a, par ses prières, ses souffrances et son obéissance, établi des relations incomparables entre les hommes et son Père, ce en quoi consiste le salut.
Dans le dernier souffle qu'il rendit, l'évangéliste voit déjà l'esprit (passion selon S. Jean) que le Ressuscité va transmettre au matin de Pâques à ses disciples confinés. Par son Esprit répandu sur le monde, Jésus devient roi d'une royauté qui n'est pas de ce monde.
Texte du missel des dimanches